Sergent Georges CHRETIEN
Sous officier Adjoint du Lieutenant Reversat ,
commandant la 1ére section- 11éme compagnie-




Des casernes de Metz à la plaine de Pontgivart


Georges Chretien est né le 27 février 1916 à Guermange, petit village prés de Dieuze en Moselle .Assez grand ,les cheveux clairs il est volontaire pour s’engager dans l’armée .Ce qu’il fait pour une durée de 3 ans. Il arrive alors le 10 septembre 1935 dans son régiment d’incorporation qui n’est autre que le 151ème Régiment d’Infanterie .



Le  temps  du  service  militaire .Georges  Chretien  est   identifié par  une croix 

 

Affecté à la 11ème compagnie il confirme à nouveau cet engagement le 10 septembre 1938 pour une durée d’un an supplémentaire. Alors que les hostilités commencent, il est maintenu en activité avec le grade de sergent







Laissons le maintenant nous raconter sa campagne de France qui démarre fin aout 1939 à Metz

« Je part de Metz le 22 aout 1939, la ville de garnison de mon régiment, nous allons cantonner à Hémilly et Guinglange avec l’ensemble de mon bataillon . Le 2 septembre nous nous déplaçons à proximité de la frontière allemande .Ma compagnie , la 11éme , se trouve en face du village de l’Hopital (prés de Saint-Avold )

Le poste  de garde  à  l'entrée  de  la  caserne    à  Metz 


Après y avoir stationné pendant 5 ou 6 jours et effectué une patrouille en territoire ennemi , nous nous dirigeons vers Dalem afin de relever la 1ere compagnie qui se trouvait aux avant postes au dessus du village de Rémering. J’y reste 4 jours et nous sommes à notre tour relevé par la 10éme compagnie .Nous retournons à Dalem pour quelques jours



Puis nous retournons au avant postes à proximité de Creutzwald la croix .Ma section tient un point d’appui à proximité du village allemand de Maroff, ou l’on reste une huitaine de jours .La rotation s’effectue et après avoir été remplacé ,nous retournons cantonné à Creutzwald.



Quelques jours après, mon bataillon est relevé et descend au repos dans le village d’Aube à 20 km de Metz. Nous y arrivons vers le 15 octobre et nous y restons jusqu’au 10 novembre .A cette date mon régiment remonte en ligne dans la région d’Ebersviller. Ma compagnie se cantonne à Chimery les Deux. Nous allons pendant une huitaine de jour à construire un fossé anti-char.



Nous montons en ligne .C’est le moment ou je fais parti du groupe franc du bataillon commandé par le Sous Lieutenant Anglade . Notre groupe tend une embuscade au bois du Rheindrecht le 29 novembre 1939 .C’est à la suite de celle-ci que je serais cité à l’ordre du régiment et que j’y gagnerais la croix de guerre ( Georges Chretien se verra remettre cette distinction le 4 février 1940 lors d’une prise d’arme pendant de la période de repos dans le secteur de Blénod les Pont à Mousson – Dieulouard)


Note de service de l'état major  de  la 3éme  armée sur les faits  du 29 novembre .Cette  note  les  qualifie  " digne d'être signalé"



La  citation  attribué  au  Sergent  Chretien  ,  lors   de l'operation  qu'il  éffectue
  avec  le corps  francs  du  3éme  bataillon le 29 novembre 1939

 


Mon bataillon est relevé des lignes et va en cantonnement au camp d’Issing et de Ferrange à 1,5km d’Ebersviller jusqu’au jour de noël 39 .C’est à cette date que nous descendons au repos. Nous arrivons à Maizieres les Metz ou nous restons jusqu’au 2 janvier. Nous prenons ensuite la route vers Dieulouard, prés de Pont à Mousson .Nous y resterons jusqu'à la fin du mois de mars 1940 .

Le régiment , ensuite , reprend le chemin de la ligne de front dans la région de Boulay , ou se trouve le poste de commandement. Les avant postes passent à environ 3km de Falk et à proximité de Mertens. Un point d’appui est établi dans le village de Bibling.

Je fait parti à nouveau du groupe franc du 3éme bataillon .Nous sommes commandés par le sous-lieutenant Lafforgue et je prends part à toutes les opérations et patrouilles jusqu’au 25 avril . Nous changeons de secteur et nous sommes à présent maintenant dans la région de Bouzonville. Les groupes francs effectuent de nombreuses patrouilles. Ils réussissent particulièrement une contre attaque le 11 mai pour dégager un point d’appui tenu par le groupe de reconnaissance divisionnaire

Le 12 mai, l’ennemi attaque un point d’appui tenu par la 10éme compagnie et malgré les différentes contre – attaque , la compagnie est obligé de se replier aux environ de Benting et Bouzonville . Le jeudi suivant, notre groupe franc est chargé d’une mission de reconnaissance de jour. Il rapporte de bons renseignements mais un des ses hommes est grièvement blessé.


La nuit suivante, du jeudi au vendredi , notre bataillon est relevé par les anglais et le vendredi, après une marche d’une trentaine de kilomètre environ , nous embarquons en autobus qui nous conduisent un peu au dessus de Reims.

Le lundi matin, nous sommes au bord de l’Aisne à la sucrerie de Guignicourt ou nous restons pendant 24h . De là, le bataillon change de secteur et se trouve en position sur les rives de l’Aisne .La 11éme compagnie à laquelle j’appartiens se trouve en face du village d’Evergnicourt ou nous restons jusqu’au 5 juin (« Pour ma part j'ai un front de 650 mètres à couvrir avec 4 G.C. et 1 G.M. En face de moi, sur l'autre rive, le village d'EVERGNICOURT dont il me faudra surtout surveiller les lisières ouest et la gare. A droite un bief de liaison AISNE-CANAL facilement franchissable par deux ponceaux me sépare de la 4° section. En face de ce bief un énorme bâtiment d'usine offre à l'ennemi un observatoire important lui permettant de surveiller tous nos mouvements tant sur l'AISNE que sur le canal » Lieutenant Reversat )




Nous sommes relevés et nous allons prendre position au bois des Grands Usages ( bois d’environ 200 hectares à l’époque se trouvant entre Brienne sur Aisne et Pontgivart – «. Il faut aller vite et gagner le bois des GRANDS USAGES, profitant du brouillard qui n’est pas encore levé, mais les hommes sont fatigués et cela ne va pas si vite qu’on le voudrait. Nous arrivons cependant à temps à la maison Forestière, non sans avoir été survolés par le coucou qui nous a forcés à plusieurs arrêts. Arrivé dans le bois je reconnais mon P.A., tandis que les hommes se restaurent et boivent du jus très chaud, ce qui ne leur est pas arrivé depuis un certain temps » Lieutenant Reversat )

Le  bois  des  Grands Usages , du  coté de la  route  qui  méne  à  Neufchatel  sur  Aisne.
C'est  la , à  l'angle  nord ouest du bois ( photo  de  droite ) à proximité  du  chemin  coté  nord  qui  longe   le  bois  que se  trouve
  le Lieutenant  Reversat , son  adjoint  et  son  agent  de  transmission


Le 9 juin se déclenche l’attaque ennemie sur l’Aisne. La rivière est franchie dans le courant de l’après midi .Vers 18h de forts détachements ennemis arrive sur nous mais malgré de violents bombardements , nous tenons jusqu’au 10 juin au matin.


Le Soldat  Davoigneau  , agent de transmission  du Sous Lieutenant Reversat
et se trouvant avec le sergent Chretien


A ce moment la l’ennemi attaque avec une violence accrue et il nous est impossible de le contenir car nos effectif sont trop réduit (l’attaque allemande redémarre le 10 juin au matin au environ de 5h après un violents tirs d’artillerie ). Ma compagnie , ou plutôt ce qu’il en reste, se replie sur Pontgivart ( le repli commence au environ de 06h45)ou nous tenons jusque midi. Mais, étant complètement encerclés et par suite de nouvelles pertes subies nous sommes obligés de nous rendre

La  route  principale  qui  traverse  Pontgivat ( sens  Reims -Neufchatel  sur  Aisne )  prise  du  pont sur la Suippe .
C'est à la  droite  du  pont  que le groupe du  Sergent Chretien traverse  la Suippe   puis  seront  fait  prisonnier


Toutefois accompagnés du sergent Saout et de 3 ou 4 hommes , nous essayons d’échapper à l’ennemi .Pour cela , il nous faut franchir la suippe à 2 endroits différents. L’ennemi approche de plus en plus .Mon camarade est grièvement blessé .Nous sommes encadrés par le tir des mitrailleuses. Nous n’avons plus le choix , nous devons nous rendre (« J’occupe alors d’anciens emplacements, au Sud de la SUIPPE, juste derrière l’usine électrique. Des rafales d’armes automatiques partent de la maison où se trouvait le P.C. quelques instants avant. Le pont de la SUIPPE saute. Un de mes hommes est légèrement blessé par une chute de pierres. L’artillerie tire, mais c’est trop court ; c’est encore pour nous…. CHRETIEN me rejoint avec LE-SAOUT, il n’a pu rejoindre la 2ème Section, qui, à son avis, a du être prise ce matin.
En arrière l’ennemi progresse et des éléments s’infiltrent entre la SUIPPE et le P.C. du Bataillon. LETURCQ m’a rejoint…. Sur la rive Nord, l’ennemi vient d’installer une mitrailleuse lourde. Je ne peux tirer que coup par coup pour ménager mes munitions. La mitrailleuse se déplace…. Je n’ai plus qu’une boîte chargeur. CHRETIEN est découragé et voudrait abandonner. Vers 11 heures 30 l’ennemi accentue son mouvement vers l’Est, et bientôt des hommes s’installent sur la vanne que nous n’avons pu faire sauter. Le F.M. qui me reste tirera ses dernières cartouches tandis que nous nous replierons. TESSIER et moi nous dégageons la sortie et rallions les 5 hommes qui peuvent passer. LE-SAOUT vient d’être sérieusement blessé (il aura la médaille militaire). Je croyais qu’il était mort. CHRETIEN alors, se rend avec les 8 ou 10 hommes qui restent. L’ennemi les ramasse et leur fait repasser la SUIPPE »Lieutenant Réversat )

Ma vie de prisonnier commence alors et le premier camp est celui de la Sellette prés de Sissonne .Après 24 h dans celui ci , direction Sissonne ou nous resterons également 24h. Après avoir gagné Montcornet ou on couche dans l’église , nous partons pour Hirson ou nous restons sur place pendant 6 jours .Ici la nourriture est très mauvaise .On nous donne le matin un quart de café , un quart de bouillon à midi avec parfois un petit morceau de viande et le soir un quart de bouillon et comme pain 62 grammes de biscuits de guerre

D’Hirson , nous embarquons dans un train et on arrive le lendemain à Givet après 16h dans celui-ci .
On débarque et on nous emmène toujours sans manger à Beauraing en Belgique ou nous recevons enfin une soupe assez bonne . Après 24h à cet endroit, notre parcours nous dirige jusque Gidine ou nous embarquons à nouveau dans un train jusque Tréves. Nous y arrivons vers 14h le 22 juin

Après avoir passé 24 heures dans cette ville , nous sommes dirigés vers le Stalag XII prés de Limburg ou je suis enregistré sous le N°8330

Lorrain par mon lieu de naissance, alors à l’époque occupé par les Allemands en 1916 , me permet d’être libéré le 19 septembre 1940 .L’ennemi ne devait certainement pas connaître le fait que je sois sergent engagé dans un régiment d’active .Je reste en Lorraine jusqu’au 13 novembre , ou je suis expulsé avec toutes ma famille .J’ai refusé de rester dans le Reich. J’arrive deux jours plus tard à Romans dans la Drome .Après avoir effectué de nombreuses démarches , je suis dirigé de Lyon le 20 décembre ou on m’affecte , à ma demande , au 8éme régiment d’Infanterie .J’y retrouverais notamment le commandant Pinaud et le Sous Lieutenant Morou .Aprés l’invasion de la France libre , je m’engage dans la gendarmerie ou je ferais carrière jusqu’en 1971



Georges  CHRETIEN , aprés  avoir  été affécté au 8éme RI




Merci  à  la  famille  de Mr  Georges  CHRETIEN   ,  et  plus  particuliérement   à  son  fils  ,  de  nous  avoir  permis   de  réaliser  cette page   et  pour  leurs   prêts de  documents